Pompon, Marquis, Bijou ...... bai foncé, gris pommelé, alezan cuivré... il s'agit bien sûr des chevaux et mulets recensés dans le village en 1937, la description précise de chaque animal pouvant être utile en cas de réquisition par l'armée puis de restitution à son propriétaire.
La liste du cheptel de 1948 ne donne plus le nom des animaux ni la
couleur de la robe, elle indique le nom des propriétaires des 13 chevaux et 17 mulets présents dans les fermes d'Aspres.
Louis Garnier et son cheval Bijou
Le cheval de trait était utilisé pour le transport des matériaux, attelé à un chariot (véhicule à 2 roues) mais également pour tracter une herse ou un rouleau. On attelait aussi le cheval à un tombereau ("lou barrot" en patois), véhicule destiné au transport en vrac et dont l'arrière pouvait se basculer.
Le char à bancs, tracté par le cheval, permettait de transporter plusieurs personnes pour se rendre dans le hameau ou village voisin...
Au château collection privée famille Garnier
Il y avait à Aspres davantage de mulets que de chevaux, le mulet étant moins onéreux, plus résistant mais possédant une force de traction moindre par rapport à celle d'un cheval.
L'achat d'un cheval ou d'un mulet se faisait lors de foires ou bien entre agriculteurs notamment au moment du passage progressif au tracteur.
L'Etat aurait également fourni des chevaux et mulets de l'armée ou d'importation comme en témoigne cette lettre de Sylvain Reynier au directeur des Services de l'Agriculture de Gap en 1947.
Ainsi, Colette a-t-elle toujours entendu son père Clovis dire : "C'est un mulet de guerre! ", lorsque Pompon se couchait par terre effrayé par le claquement d'une poche éclatée par le jeune Marcel.
dessin d'Isabelle Reynaud Archives Hautes- Alpes
Le cheval ou le mulet était donc le pilier de la ferme. Sa présence a laissé de nombreux souvenirs qui montrent l'attachement que l'on portait à cet animal :
Colette raconte : "Pompon était très intelligent, il rentrait seul à la ferme où il savait qu'un sucre l'attendait. Un jour, il a eu un échauffement à l'estomac, il avait mangé trop d'avoine !"
Renée se souvient :
"Le maréchal -ferrant venait 3 ou 4 fois par an, il changeait tous les fers."
"Un jour, attelé à la charrette chargée de foin, Bijou a "détourné", il s'est couché avec la charrette. C'était pas beau à voir cette force couchée et impuissante, prisonnière de son attelage. Mes parents étaient inquiets à l'idée que notre cheval ait pu se blesser."
"On partait en charrette à Corps "faire la feuille", c'était gai, on allait " à la ville".
Renée se souvient de la vente de leur cheval, ses parents ayant acheté un tracteur :
"Quand il quitte la maison, le cheval c'est très triste, c'est la fin de la ferme .... "
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